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Lettre encyclique sur la fraternité et l'amitié sociale (Fratelli tutti).

            « La mondialisation nous rapproche peut-être, mais elle ne nous rend pas frères ». La fraternité universelle n'est pas une réalité facile à mettre en place. Avec sa tentation de créer une « culture des murs », le monde aujourd'hui tourne le dos aux grandes valeurs fraternelles.

            Devant ce constat, le souci continuel du Pape François est de proposer des « chemins d'espoir ». Il a parlé de la fraternité devant les auditoires les plus divers, lors de rencontres à Rome et au cours de ses déplacements un peu partout dans le monde : il a rassemblé ces interventions dans une encyclique, Fratelli tutti, en les intégrant, écrit-il, « dans le cadre plus large et organisé systématiquement d'un enseignement sur la fraternité ».

            Cette nouvelle encyclique est présentée comme une encyclique sociale : elle s'engage sur le terrain politique, par exemple pour parler de l'immigration, du populisme ou de la peine de mort. Le titre lui est tiré d'une expression de Saint François d'Assise. Et même, pas seulement le titre : c'est l'ensemble des propos qui est inspiré par Saint François. Deux autres personnes aussi ont inspiré ces pages : le grand Iman Ahmad Al-Tayyeb que le Pape a rencontré à Abu Dhabi en février 2019 ; leur déclaration commune est citée dans la conclusion de l'encyclique ; l'autre personne est le bienheureux Charles de Foucauld qui voulut être le « frère universel ».

            En huit chapitres, l'encyclique n'a pas pour but de reprendre la doctrine chrétienne sur l'amour fraternel mais de nous présenter la dimension universelle de cet amour. Tout au long de ces huit regards sur la dimension universelle, le Pape rappelle constamment la dignité de chaque personne et met en avant le souci des pauvres. Les questions abordées sont diverses : la globalisation, les pandémies, les migrations et les frontières, le dialogue social, la guerre, la peine de mort, les religions et la violence. Chaque sujet abordé donne lieu à un véritable petit traité.

            Il ne peut être question ici de résumer cette encyclique : on a intérêt à la lire en prenant son temps. Elle n'est pas difficile : le ton est souvent celui de la conversation auquel le Pape François nous a habitués.

            Comme il s'agit ici de la présenter aux membres de ce mouvement international qu'est VMI, je propose de m’attarder au quatrième chapitre intitulé « Un cœur ouvert au monde » qui traite, à partir des migrations, de la rencontre entre personnes marquées par des cultures différentes. « Les cultures différentes qui ont développé leur richesse au cours des siècles, doivent être préservées afin que le monde ne soit pas appauvri. Il faut cependant les stimuler à faire jaillir quelque chose de nouveau dans la rencontre avec d'autres réalités » (134). Le Pape nous invite à nous « penser non seulement comme pays, mais aussi comme famille humaine » (141). « En s'enrichissant avec des éléments venus d'ailleurs, une culture ne copie pas ou ne reçoit pas simplement, mais intègre les nouveautés « à sa façon ». Cela donne naissance à une nouvelle synthèse qui profite finalement à tous » (148). « Les autres sont constitutivement nécessaires pour la construction d'une vie épanouie. La conscience d'avoir des limites ou de n'être pas parfait, loin de constituer une menace, devient l'élément clé pour rêver et élaborer un projet commun » (150). Le dialogue avec des personnes d'une autre culture donne l'occasion de s'enrichir et de se renouveler : il ne doit donc pas faire peur.

            Le huitième chapitre, intitulé « Les religions au service de la fraternité dans le monde », résonne de manière particulière aujourd'hui. La violence s'alimente d'interprétations erronées des textes religieux en même temps que de « politiques de faim, de pauvreté, d'injustice, d'oppression, d'arrogance ». Elle ne trouve pas son fondement dans les convictions religieuses fondamentales. Nous sommes donc invités à retourner à nos sources pour nous recentrer sur l'essentiel : l'adoration et l'amour du prochain (281-283).

            Merci au Pape François. Même quand il constate et regrette que nous ayons « perdu le goût de la fraternité », il nous aide à retrouver « le projet même de fraternité inscrit dans la vocation de la famille humaine ».

Père François Maupu

 

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