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« Ene soley a pe leve lor nou legliz » (Un soleil se lève sur notre Église à l’Ile Maurice)

C’est par ce cantique que le Pape François a été accueilli à son arrivée au Monument Marie Reine de la Paix qui a été construit à la fin de la seconde guerre mondiale par les Mauriciens, en action de grâce pour avoir été épargnés

Après cette parenthèse, nous voulons vous faire partager ce que nous avons vécu pendant cette visite papale, définitivement trop courte, même si c’est impossible de mettre en paroles toute la joie, l’émotion qui nous a habités pendant la préparation et la visite du Saint Père.

Toute l’île Maurice a été en effervescence dès l’annonce que François allait venir nous faire l’insigne honneur de fouler le sol de notre si petit pays. Les préparations ont été très vite enclenchées pour faire de son séjour un succès. Ce fut d’abord la préparation matérielle : une logistique considérable était nécessaire pour mettre en place tous les détails tels que l’aménagement des différents lieux où le pape devait se rendre mais aussi pour régler les questions de sécurité très strictes et de protocole. Mais très vite nous sommes passés à la préparation spirituelle et nous pouvons dire qu’elle fut intense. Chaque paroisse a organisé, dans chaque quartier, des rencontres d’une soirée, qui ont culminé avec la dernière à l’église principale. Dans certaines paroisses, tous les quartiers se sont déplacés en bus spéciaux pour être solidaires des autres quartiers, créant ainsi des liens plus amicaux entre des personnes qui ne se connaissaient peu ou pas auparavant. C’est déjà une victoire mais celle sur le plan personnel et spirituel a été phénoménale pour beaucoup de personnes. Le thème de la visite était principalement axé sur le pardon et la rencontre : certains ont été bouleversés. Par exemple, il y eut le témoignage d’une dame de 65 ans qui n’avait jamais pu pardonner à son père, même après sa mort, cela pesait lourd sur son cœur et elle avait honte d’en parler. Après la troisième session, elle a partagé la paix qui l’envahissait et le lendemain elle a demandé une messe pour son père : cela a été bouleversant. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres. Les enfants ont aussi eu des rencontres et une petite fille de 12 ans a pu ramener sa mère à la connaissance et la pratique de la religion.

La présence physique du Pape a été comme la « cerise sur le gâteau », comme un feu d’artifice qui est venu couronner et bénir tous les efforts conjugués des aînés et des jeunes, des femmes et surtout des hommes qui se sont mobilisés avec ferveur et enthousiasme.

La simplicité du Pape, son sourire, son humilité nous ont touchés. Bien que visiblement fatigué, il a voulu rencontrer le plus de personnes possible. Il a insisté pour s’asseoir à côté du chauffeur pour voir et être vu du maximum de ceux qui l’attendaient au bord de la route sur son parcours. Chaque parole du Pape a rejoint quelqu’un dans ce qu’il vit et là où il est arrivé. Beaucoup ont senti que leur dignité a été reconnue et que cette visite était une véritable richesse pour eux. Tous, catholiques ou non, pratiquants ou non, ont reçu sa parole comme un cadeau qu’ils gardent précieusement et vont partager autour d’eux.

Nous ne pouvons pas ne pas mentionner ce qui, pour nous, a été une manifestation de l’unité des religions, des cultures, de gens de tout bord et de toute société. Le Pape a fait se réunir tous les Mauriciens dans une symbiose extraordinaire et nous fait espérer atteindre un jour ce « mauricianisme » dont nous rêvons, au-delà de tout compartimentage et de toute barrière.

Nous ne pouvons conclure sans parler de la participation du gouvernement qui s’est donné à fond pour le succès de cette visite. Il faut préciser que les chrétiens se chiffrent à 30% de la population.

L’Église œuvre pour tous, sans distinction, dans le domaine de l’éducation et des problèmes sociaux comme la drogue, la prostitution et la discrimination mais ne s’immisce pas dans la politique. C’est la première fois que nous avons vu autant d’efforts déployés pour l’accueil d’un chef d’état qui est aussi et d’abord, le chef d’une religion. Les dirigeants ont apporté une très grande contribution pour l’aménagement d’infrastructures, pour  la sécurité et dans l’accueil cordial qu’ils ont réservé au Pape. Ils ont même mis des bus gratuits à la disposition du diocèse pour ceux qui habitent des régions éloignées et  prêté le concours de la force policière : ce sont des policiers qui  ont transporté la statue de la Vierge du Grand Pouvoir du village de Vieux Grand Port à la Reine de la Paix dans la capitale, Port-Louis. La station de télévision locale a consacré une heure chaque jour pendant deux semaines à des documentaires sur la papauté et le catholicisme.

Les Mauriciens de foi hindoue (en majorité) et de foi musulmane ont été très nombreux à se déplacer pour voir le pape, agitant leurs branches de palmiers à son passage avec leurs frères chrétiens. Pour eux, comme pour les catholiques, c’était comme si c’était le Christ lui-même qui les visitait ; ils ont ressenti ce passage du Pape comme une bénédiction. Le Pape lui-même a gardé un souvenir ému du bouquet que l’Imam avait envoyé à l’évêché.

Nous ne pouvons que chanter le Magnificat avec Marie pour nous avoir permis de vivre aussi intensément cet évènement si spécial à notre cœur.

Marie-Noëlle Luchmun

Responsable de Vie Montante Ile Maurice