Semen est sanguis christianorum
Le terrorisme sévit un peu partout dans le monde; les églises elles-mêmes ne sont pas respectées par les tueurs. Le père Roman nous aide à prendre un peu de recul et à porter sur ces tristes événements un regard chrétien.
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris les attentats terroristes qui ont eu lieu ces dernières semaines à Nice (France) et à Vienne (Autriche). Notre douleur est d'autant plus grande que ces horribles actes de violence ont touché, entre autres, des personnes engagées sur le plan religieux et qui travaillaient quotidiennement dans une communauté paroissiale. Aussitôt après ces dramatiques événements, la hiérarchie de l’Eglise s’est exprimée. Mgr André Marceau, évêque de Nice a exhorté les fidèles à la conversion personnelle et au pardon. Mgr Jean-Louis Balsa (du diocèse de Viviers), originaire du diocèse de Nice a appelé, dans l'un des journaux locaux, à ce que l'attentat perpétré dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice ne soit pas uniquement associé à la confrontation religieuse entre l'islam et le christianisme. Il a souligné que les actes terroristes sont plutôt l'expression d'un affrontement entre les adeptes d’un islamisme radical et la culture sécularisée du monde moderne. Enfin, le cardinal de Vienne, Mgr Christophe Schönborn, lors d'un service de prière dans la cathédrale Saint-Étienne, a invité toutes les personnes de bonne volonté à faire des gestes de solidarité.
Il ne fait aucun doute que le terrorisme qui menace, blesse et tue sans aucune distinction génère peur, panique et pessimisme. De plus, il est en profonde contradiction avec la justice et l'amour entre les hommes (cf. Catéchisme de l'Église catholique, 2297). Comment, alors, les chrétiens doivent-ils répondre aux actes de violence qui les affectent souvent directement? Le Pape François, dans l'encyclique Fratelli tutti récemment publiée, nous invite « à découvrir des espaces où discuter et agir ensemble pour le bien commun et la promotion des plus pauvres ». Il rappelle également que les fidèles de l'Église catholique sont invités à revenir aux sources pour se concentrer sur l'essentiel : « adoration de Dieu et amour du prochain de manière à ce que certains aspects de notre doctrine, hors de leur contexte, ne finissent pas par alimenter des formes de mépris, de haine, de xénophobie, et de négation de l’autre. La vérité, c’est que la violence ne trouve pas de fondement dans les convictions religieuses fondamentales, mais dans leurs déformations» (Fratelli tutti, 282)
Si on analyse l'attitude personnelle du cœur envers une autre personne, il faut prêter attention à deux autres questions. Tout d’abord, suivant la pensée du Saint-Père, en évaluant la situation actuelle dans le monde, nous devons nous souvenir des causes complexes du terrorisme, parmi lesquelles les mauvaises politiques des états «liées à la faim, la pauvreté, l'injustice, l'oppression et l'arrogance» (Fratelli tutti, 283). Et, en tant que disciples de l'Évangile du Christ, rappelons-nous qu'au fil des siècles, «le sang des martyrs est devenu la semence des chrétiens» (saint Tertullien).
Père Roman Chromy
Conseiller spirituel de la coordination Europe de VMI