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Intervention de M. Vittorio Scelzo,
du Dicastère des Laïcs, de la Famille et de la Vie,
directeur de l’Office pour les Personnes Âgées et les Enfants.

 

Au début de son intervention, le Dr Vittorio Scelzo, invité à Saint Domingue pour la rencontre internationale de VMI, nous a présenté l’institution qu’il dirige en précisant qu’elle est très récente : créée il y a deux ans, elle est un exemple des réformes mises en œuvre par le Pape François.

Le Dr Scelzo nous livre le sens de sa venue à Saint Domingue et se son intervention auprès des membres de la réunion internationale : « il faut que la société porte un autre regard sur les personnes âgées, nous devons être les acteurs de ce changement de mentalité à l’égard des personnes âgées. »

Au début de son mandat, le Dr Scelzo a souhaité se mettre à l’écoute de ce qui se passe dans les différents pays et d’en approcher les réalités. Il se dit être au service des églises locales et prêt à créer des réseaux entre la Curie et les acteurs de terrain. Il souhaite tout particulièrement aider les acteurs de terrain, ceux-là même qui sont engagés dans la pastorale car ce sont eux qui portent le message de Jésus.

Sa première mission a consisté à contacter les Conférences épiscopales pour voir ce qui existait. Il s’est rendu compte que le développement d’une « pastorale des anciens » n’était pas, loin s’en faut, la première préoccupation des évêques, à l’exception de l’Argentine et du Brésil.

En ce qui concerne la France, le lien a été fait avec le MCR et VMI. C’est la raison pour laquelle il a pris contact avec la présidente de VMI, Marta Melo Antunes, pour s’informer de ce qui s’y faisait.

Par ces différents contacts, il a pu ainsi commencer à appréhender le travail important réalisé par des laïcs dans certains pays de la planète : c’est essentiel pour l’Eglise aujourd’hui.

Sur le plan démographique, le Dr Scelzo rappelle la part sans cesse croissante (les chiffres le montrent) des anciens dans la société ; malheureusement « ces derniers dérangent, ils sont destinés à l’EHPAD avec la même facilité qu’on place un manteau dans l’armoire » dit en substance le pape François ; autre parole du pape :

« La société a tendance à oublier les anciens mais le Seigneur n’en abandonne aucun ».

Dans nos sociétés, la vieillesse fait peur ; à cause de la fragilité et de la vulnérabilité, elle est considérée comme une maladie contagieuse dont il faut se protéger. D’où cette marginalisation des anciens que traduisent certains constats : au Japon, des milliers d’anciens se suicident à cause de la solitude ; dans les institutions ou maisons de retraites, les personnes âgées, coupées de leur environnement familier, meurent plus vite qu’à la maison parce qu’elles ne ressentent plus l’envie de vivre ; en Afrique, on assiste parfois à des lynchages d’anciens accusés de sorcellerie, accusés « de voler leurs années aux jeunes ».

Pour le Dr Scelzo, il y a urgence à accorder toute notre attention à cette frange de la population que sont « les vieux », à changer le regard que l’on porte sur la vieillesse, à ne plus la considérer comme une malédiction mais au contraire, comme dans la Bible, à voir dans la longévité, un signe de bénédiction ; il faut aider les anciens à donner du sens aux années qui leur restent à vivre. C’est ainsi que nos sociétés, malgré l’augmentation du nombre de « vieux » par suite de l’accroissement de la longévité, éviteront de devenir des sociétés vieillissantes.

Le Dr Scelzo a eu cette formule surprenante : Les jeunes ne sont pas le futur de l’Eglise mais le présent, les personnes âgées sont l’avenir de l’Eglise, ce sont elles qui bâtissent le futur. Lors de la visite que le Pape François a rendue au dicastère dont fait partie l’Office pour les anciens et les jeunes que dirige le Dr Scelzo, le Saint Père a cité un extrait du Livre de Joël : « vos anciens auront des rêves, vos jeunes gens, des visions » ; les anciens, selon le Pape, ne doivent pas arrêter de rêver ; les atouts dont ils disposent - le poids démographique qu’ils représentent dans la société, leur sagesse issue de leur expérience -peuvent faire d’eux des leaders dans l’Eglise, à condition qu’ils n’arrêtent pas de rêver et qu’ils associent  leurs rêves aux visions des jeunes. Telles sont les bases qui clarifient la mission des anciens   qui est de transmettre la foi.

Le temps de la vieillesse amène à se poser des questions sur le sens de l’existence et de ce fait, la dimension religieuse de la vie prend plus d’importance ; l’attention pastorale à l’égard des personnes âgées ne doit pas être épisodique : en réponse aux interrogations qui apparaissent quand on vieillit, il faut développer une pastorale des personnes âgées.

il n’y a pas eu vraiment de réflexion sur le sens de l’âge et nos anciens sont marginalisés ; cela peut être la mission d’une association comme la vôtre: VMI doit répondre aux préoccupations du pape à l’égard des personnes âgées, relayer avec force  les propos du Pape pour qui « la vieillesse est une vocation », traduire en actes son discours sur la vieillesse en étant, dans chacun de nos pays, des relais actifs et convaincants de ce discours, inventer et agir pour faire reconnaître que les personnes âgées ont un  rôle à  jouer dans la société et une mission à accomplir dans l’Eglise ; VMI doit aider à redonner du sens à ce temps de la vieillesse à partir d’une spiritualité vivifiante.

Plus spécifiquement, nous avons un rôle à jouer en tant que grands-parents dans la « transmission de la foi » pour pallier les défaillances - ou l’indifférence - des parents souvent accaparés, peut-être beaucoup plus que nous ne l’étions, par leurs activités professionnelles et les tâches du quotidien.

Le Dr Scelzo donne quelques pistes (quelques éléments de « rêves ») pour alimenter notre réflexion :

Que signifie ne plus travailler, ne plus être productif : comment mettre en valeur le sens de la gratuité.

Que signifie disposer de plus de temps : quel sens donner à cette disponibilité ?    

Que signifie la fragilité ? L’action, quand on est marqué par la fragilité, peut prendre une autre forme ; le Pape donne l’exemple de la prière, on peut toujours prier, faire monter vers le Seigneur une prière d’intercession. Les anciens peuvent être ces intercesseurs.

Que signifie la douleur, la souffrance ? Que signifie vivre, quand on souffre, être chrétien quand on est dans la confusion mentale ?

Réfléchir sur la mort qui borne toute vie.

Il y a donc à mener toute une réflexion sur le monde de la vieillesse, sur le sens de l’âge, sur le vieillissement et sur la vocation des personnes âgées à l’intérieur de l’Eglise ; en effet, ce temps de la vieillesse apporte quelque chose de fondamentalement nouveau à la société. Nous sommes les mieux placés pour le faire savoir ; notre poids démographique, notre expérience de la vie, la sagesse acquise au fil des épreuves sont autant d’atouts qui peuvent faire de nous des leaders dans l’Eglise : à nous de jouer !

En conclusion, le Dr Scelzo nous dit sa forte attente de nous voir :

- « épouser » la pensée du pape sur les aînés

-  mettre en œuvre des initiatives montrant que nous sommes un mouvement qui s’engage dans un pastorale des aînés.

- travailler à des projets concrets qui montreront que les anciens sont l’avenir de l’Eglise ; une des pistes pourrait être une collaboration entre jeunes et anciens qui trouverait une belle illustration lors des prochaines JMJ, celles de Panama étant trop proches pour prévoir quelque chose.                                                                                                                                                    

Le Dr Scelzo dit être à l’écoute de ce qui se passe mais il réfléchit aussi à une rencontre au Vatican de la Pastorale des Anciens. Il avoue ne pas encore connaître assez les réalités du terrain. Il nous demande d’envoyer les coordonnées des personnes en responsabilité pour l’organisation de cette rencontre. Rappelant l’importance de vivre des rencontres dans l’Eglise, il regrette que la proximité des JMJ de Panama rende difficile une rencontre entre jeunes et anciens.

Le Dr Scelzo termine en exprimant ses remerciements pour la possibilité qui lui a été offerte de nous connaître et de comprendre tout ce qui est fait par dans nos équipes de par le monde.

Réponses aux questions posées par l’assistance au Dr Scelzo :

Le pape pourrait-il intervenir auprès des évêques pour que VMI-VAI-LAI soit mieux reconnue dans les paroisses ?

Il est clair que les évêques, en général, portent peu d’attention au monde des aînés et n’ont pas compris le rôle que ces derniers pouvaient jouer dans l’Eglise ; mais les laïcs que nous sommes, doivent savoir assumer leur responsabilité, faire preuve de courage, de force de conviction pour promouvoir VMI ; c’est aux laïcs responsables à être, dans les paroisses les protagonistes d’une dynamique pastorale en faveur des aînés. Rappeler que VMI est reconnue par le Vatican.  

Comment penser qu’on peut « être coupable de vieillesse » ?

 C’est parce que la société n’a pas compris le sens à donner à ces années supplémentaires qu’il nous est donné de vivre. Nous avons un rôle à jouer pour susciter cette réflexion sur la place qui doit être reconnue aux anciens et sur leur vocation.

Même si les évêques n’ont pas l’attention que nous souhaiterions à l’égard des personnes âgées, je vous invite à travailler à la mise en œuvre d’une pastorale des aînés ; soyez fiers de répondre à cette mission.

 

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