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Suivre les étoiles           

 

Nous sommes au commencement d’une année nouvelle. Un regard en arrière sur l’année écoulée nous permet de rendre grâce : merci pour les joies et les rencontres qui nous ont été données ; merci pour les épreuves qui ont été surmontées. L’année 2021 est arrivée. Pour guider notre chemin, nous cherchons une étoile, comme les mages que nous avons fêtés à l’Épiphanie. Voici trois étoiles. Non pas une seule, mais trois que le Pape François nous propose. La première, c’est l’année Saint Joseph ; la deuxième, l’encyclique Fratelli tutti ; la troisième, l’année de la famille. Elles éclairent une même direction, celle de la vie en Église. Votre Église diocésaine va sans doute vous inviter à suivre une, deux, ou trois de ces étoiles.

            Saint Joseph. Le Pape Pie IX l’a proclamé patron de l’Église universelle il y a 150 ans. Le Pape François a décidé une année spéciale Saint Joseph du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021. Le « patron » de l’Église universelle n’est pas un de ces super patrons qui brillent dans l’industrie mondialisée. Il est l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, dans la vie de Jésus comme dans la vie de l’Église aujourd’hui et dans la nôtre. Pourtant il joue un rôle inégalé dans l’histoire du salut ! Saint Joseph nous fait comprendre l’importance des personnes ordinaires : éloignées des projecteurs, elles font preuve de patience et insufflent l’espérance. Saint Joseph a toujours été aimé par le peuple chrétien. En lui, Jésus a vu la tendresse de Dieu, celle qui nous fait accueillir notre faiblesse parce que c’est à travers notre faiblesse que se réalise la plus grande partie des desseins de Dieu. Il faudrait lire toute la lettre apostolique « Patris corde » pour découvrir ou redécouvrir la richesse de la figure de Saint Joseph. Le Pape révèle aussi qu’il lui adresse tous les jours depuis plus de 40 ans une prière qui exprime la dévotion et la confiance. Elle se termine ainsi : « Qu’il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir ».

            Deuxième étoile, l’encyclique « Tous frères, Fratelli tutti » du 3 octobre, veille de la fête de Saint François d’Assise. Le Pape prévient que c’est une encyclique « sociale » : la fraternité dont elle parle concerne la vie de toute la société, elle a une portée internationale. Elle aborde le domaine politique : en rappelant l’importance de la politique, le Pape a l’occasion de dire que celle-ci ne doit pas être soumise à l’économie (chapitre 5). Mais les paroles du Pape François ne volent pas loin au-dessus de nos têtes. La fraternité passe pour nous par les petits gestes d’affection mutuelle : ceux-ci ont une dimension politique, comme « toutes les actions qui essaient de construire un monde meilleur » (182). La fraternité commence souvent par l’écoute : « s’asseoir pour écouter une autre personne ». Cela est à notre portée. « Il ne faut pas perdre la capacité d’écoute ». « Un chemin de fraternité, local et universel, ne peut être parcouru que par des esprits libres et prêts pour de vraies rencontres » (50). L’écoute et la rencontre sont à notre portée. Par elles, nous construisons un monde meilleur. Quand j’ai présenté une première fois cette encyclique, j’ai cité le chapitre qui correspond à la vocation internationale de VMI, chapitre 4 « un cœur ouvert au monde », qui dit que la rencontre entre cultures différentes fait jaillir quelque chose de nouveau. Le Pape François nous donne encore un autre mot, celui de bienveillance. Il invite à retrouver et à cultiver la bienveillance (222-224) : laisser de côté ses anxiétés et ses urgences, pour prêter attention, pour offrir un sourire, pour dire une parole qui stimule : « certaines personnes le font et deviennent des étoiles dans l’obscurité ».

            La famille. Il y aura bientôt 5 ans que le Pape François a donné l’exhortation apostolique sur « La joie de l’amour » qui est vécue dans les familles et qui est aussi la joie de l’Église, précisément en la fête de Saint Joseph. Il propose que 2021 soit aussi une année de la famille. Amoris laetitia parle surtout de la vie de couple et de l’éducation des enfants. Il y est peu question des personnes âgées comme telles (48). Cela n’empêche pas que les aînés portent le souci de la famille !  Parfois ils en sont le pilier ou le ciment. Parmi eux, beaucoup vivent en couple. Et si certains sont abandonnés par leur famille, ils sont confiés à notre bienveillance. Nous pourrons nous tenir informés des initiatives prises chez nous pour cette année de la famille. Nous pouvons aussi faire nôtre la prière à la Sainte Famille qui conclut l’exhortation apostolique : « Sainte Famille de Nazareth, fais de nos familles un lieu de communion. Que plus jamais il n’y ait dans les familles de scènes de violence, d’isolement et de division. Sainte Famille de Nazareth, fais prendre conscience à tous du caractère sacré et inviolable de la famille, de sa beauté dans le projet de Dieu ».

            Partis à la recherche du roi des juifs, les mages se sont réjouis quand ils virent l’étoile. Réjouissons-nous de ces étoiles, laissons-les éclairer notre chemin : celui-ci sera peut-être parfois difficile ; il nous conduit à Jésus. Je n’ai pas d’or, d’encens ou de myrrhe, mais « si je réussis à aider une seule personne à vivre mieux, cela justifie déjà le don de ma vie » (Fratelli tutti, 195).

Père François Maupu