Vivre une Semaine Sainte
Le 28 mars commencera la Semaine Sainte, cette Grande Semaine, disent nos frères orthodoxes, qui nous a tant manqué l’an dernier ou, du moins, que nous avons dû vivre d’une manière totalement inédite.
Déjà au temps du nouveau Testament, c’est de manière hebdomadaire que la Résurrection du Christ est célébrée le premier jour de chaque Semaine, et non plus le septième jour évoquant le « repos » de Dieu après six jours de création. Mais dès le deuxième siècle, l’Eglise éprouve le besoin d’instaurer la fête de Pâques comme le sommet de l’année liturgique et bientôt toute une semaine développe les derniers jours de la vie terrestre de Jésus. Dès avant le concile Vatican II, en 1955, le pape Pie XII réorganise cette semaine et lui donne son allure actuelle.
Elle commence le dimanche des Rameaux où le récit de la Passion déploie déjà l’ensemble de ces derniers jours. Nous sommes particulièrement sensibles à ces rameaux bénits qui transformeront nos croix, signes de mort, en source de vie. Avec Jésus crucifié sur un arbre produisant des fruits remarquables, la tapisserie de carême d’Haïti, proposée par Entraide et Fraternité, l’illustre brillamment.
La messe chrismale célébrée par l’évêque mérite notre attention. Les huiles utilisées dans différents sacrements seront bénites et envoyées dans tout le diocèse : l’huile des catéchumènes utilisée au baptême, surtout lors des baptêmes de jeunes ou d’adultes, de plus en plus fréquents, célébrés en plusieurs étapes ; l’huile des malades, utilisée non plus en « extrême onction » annonçant un décès imminent mais comme signe d’un Jésus attentif accompagnant malades et personnes âgées ; le saint Chrême, l’huile parfumée du Christ, marquant au baptême et à la confirmation les étapes de l’initiation chrétienne.
Dans la célébration de la Dernière Cène (le souper !) du Jeudi Saint, les textes liturgiques se complètent superbement. Ils laissent à saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, le rappel de l’institution de l’eucharistie, le texte le plus ancien l’évoquant, tandis que saint Jean rapporte le lavement des pieds, signifiant le choix par Jésus de la voie du service et nous invitant à faire de même.
Outre les différentes formes de chemin de croix associant Jésus à tous ces justes injustement condamnés, la célébration du Vendredi Saint déploiera lecture de la Passion, longue prière universelle, modèle pour nos prières de tous les dimanches, vénération de la croix et communion au pain consacré la veille.
Le silence du Samedi saint plongera l’Eglise dans la prière avec le Christ au tombeau et dès la nuit tombée la merveilleuse Veillée Pascale nous rassemblera, avec ses signes et ses développements tellement parlants. Le feu et le cierge pascal nous introduiront dans l’église restée dans l’obscurité. Des grands textes des premier et nouveau testaments nous rappelleront le plan d’amour de Dieu pour tous les peuples. Ils culmineront dans le cri « Alléluia ! Christ est ressuscité ! » C’est habituellement durant cette célébration que de plus en plus d’adultes venant de tous horizons seront baptisés et confirmés, espoir de renouveau de nos communautés. C’est avec eux que nous proclamerons notre foi et que l’eau nouvellement bénite de l’aspersion nous rafraichira.
Au moment où ces lignes sont écrites, il nous reste à espérer et à nous souhaiter mutuellement que les efforts de tous et les progrès de la connaissance d’un virus meurtrier permettront de célébrer pleinement et selon les possibilités de chacune et chacun, cette Grande Semaine.
Père José VANDE PUTTE, conseiller spirituel
Vie Montante Belgique